Info sur Madagascar

 

 

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  État insulaire de l'océan Indien, situé au sud-est du continent africain au large du Mozambique, entre l'Afrique et les Mascareignes.

  S'étendant sur une longueur de 1 570 km du nord au sud, et sur une largeur de 575 km d'est en ouest, Madagascar est la quatrième île du monde par la superficie (587 040 km2) [1997] après le Groenland, la Nouvelle-Guinée et Bornéo.

   Sa civilisation austronésienne, qui remonte à l'arrivée de populations d'Asie du Sud-Est – au plus tard au Ve siècle av. J.-C. –, apparaît comme une avancée asiatique en terre africaine. La Grande Île, qui tint une place prépondérante dans le commerce antique et médiéval, a été marquée par l'influence européenne, notamment française.

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   Issue de l'ancien continent du Gondwana, Madagascar s'est séparée de l'Afrique au crétacé. Son ancienne insularité a donné à sa flore et à sa faune un haut degré d'endémisme. La dissymétrie du relief et l'orientation des alizés déterminent un versant oriental exposé au vent et un versant occidental situé sous le vent.

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  L'île offre des contrastes entre les Hautes Terres centrales et les régions basses périphériques. Dominant la bordure orientale par un escarpement et s'abaissant lentement vers l'ouest, les Hautes Terres, constituées d'un enchevêtrement de plateaux, de collines, de massifs compacts mais aussi de hautes plaines et de vastes bassins, forment un ensemble morcelé de reliefs volcaniques très divers; du nord au sud, on rencontre les massifs du Tsaratanana (2 886 m), de l'Ankaratra (2 643 m) et de l'Andringitra (culminant à 2 658 m au pic Boby).

   Le socle ancien, qui affleure sur les deux tiers de l'île, présente par endroits d'anciens reliefs plissés qui ont été métamorphisés avec des granites et des pegmatites.

   Ailleurs, il est recouvert de sédiments riches en fossiles et d'épanchements volcaniques présentant une dissymétrie est-ouest qui conditionne l'orientation des grands bassins hydrographiques.

  Ces Hautes Terres sont séparées de l'océan Indien par une étroite plaine côtière, rectiligne, bordée de lagunes, de marais et de collines basses qui s'élèvent jusqu'au pied de l'escarpement. Sur le versant occidental, en revanche, vers le canal de Mozambique, les deux grands bassins sédimentaires de la Boina au nord, et du Menabe au sud, présentent, autour de Mahajanga et de Morondava, de vastes étendues planes dominées par des plateaux calcaires culminant à plus de 900 m.

  Quant au nord du pays, avec ses cuvettes et ses plaines enchâssées dans des formations volcaniques, karstiques ou cristallines, et débouchant sur des deltas alluviaux, sa complexité s'oppose à la relative uniformité de la pointe méridionale de l'île. Adossée à l'est sur le «rebord manambien», cette dernière est essentiellement constituée d'une pénéplaine dont l'altitude varie entre 150 et 500 m.

  Les principaux cours d'eau sont, du nord vers le sud, la Sofia, la Betsiboka, le Mangoky, l'Onilahy et la Linta, tributaires du canal de Mozambique, et le Mangoro et la Mananara, qui se jettent dans l'océan Indien.

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  Madagascar est située entre la zone des basses pressions équatoriales, au nord, et l'anticyclone de l'océan Indien, au sud-est. Pendant l'été austral, à un vent de mousson soufflant du nord-ouest sur le nord de l'île, s'ajoutent, de janvier à mars, des cyclones irréguliers mais toujours redoutés.

   Si l'hiver austral est plutôt frais et sec et l'été chaud et humide, le caractère insulaire, la dissymétrie du relief et l'étirement en latitude déterminent plusieurs régions climatiques. La façade orientale de l'île, soumise aux alizés du sud-est, reçoit de fortes précipitations (plus de 2 000 mm) et connaît des températures élevées atteignant au nord 27 °C.

   Avec une saison sèche de quatre mois, le climat des Hautes Terres centrales est influencé par l'altitude, avec une diminution des pluies (1 200 à 1 800 mm) et des températures (16 à 17 °C) et une augmentation de l'amplitude thermique (6,7 °C).

   En hiver, les températures sont la nuit, souvent proches de 0 °C. Le versant occidental, sous le vent, est peu arrosé (moins de 800 mm), à l'exception du Sambirano, les précipitations étant concentrées sur sept mois, avec une saison sèche de plus en plus marquée du nord vers le sud.

   Enfin, avec un climat semi-aride, le sud et le sud-ouest de l'île reçoivent moins de 500 mm de pluie par an (contre 3 500 mm à Toamasina); ces régions connaissent des contrastes thermiques plus marqués.

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  La diversité des reliefs et des climats favorise le développement d'une flore exceptionnelle par sa variété, sa beauté et son originalité.

   Sur le versant oriental, la forêt tropicale (10 % du territoire), vestige du couvert forestier originel de l'île, a fait place à une forêt secondaire (savoka) dégradée, allant selon les zones jusqu'à une steppe ou une savane à flore appauvrie.

   Les hautes terres centrales autrefois boisées portent une prairie, le bozaka, maigre pacage pour les boeufs. La brousse épineuse couvre le sud-ouest du pays.

  Les milieux naturels abritent encore des espèces et des genres rares, comme certains serpents non venimeux, des lémuriens ou des insectivores, tel le tenrec.

   D'anciennes forêts denses ombrophiles sempervirentes ont subsisté à l'est, dans le Sambirano. Les régions calcaires, quant à elles, portent une forêt dense caducifoliée.

   Les formations de forêts littorales à cycas et pandanus abritent des peuplements homogènes de palmiers raphias et de mangroves. Au sud-ouest et au sud, le bush présente une végétation diffuse avec ses euphorbes, son arbre-pieuvre et un ensemble de plantes singulièrement xérophiles.

  L'action anthropique a considérablement réduit la richesse et la variété de la faune et de la flore: un hippopotame nain, des tortues géantes, des grands ratites et de nombreux lémuriens ont disparu. Toutefois, les milieux naturels abritent toujours des espèces et des genres uniques au monde, tels le aye-aye et de nombreuses variétés d'iguanes et de batraciens.

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  Les Malgaches ont une origine complexe: avant les apports africain, arabe et européen, Madagascar reçut, il y a vingt-cinq siècles, ses premiers habitants, des Austronésiens.

   Par la suite, des immigrants indonésiens (Malacca) et bantous venus d'Afrique subéquatoriale se seraient intégrés à ces Proto-Malgaches. La dissémination d'une population peu nombreuse dans ce vaste espace entraîna la formation d'isolats démographiques indûment assimilés à des «tribus» (le peuplement régional ne procède guère d'une diversité d'origine ethnique), et la «politique des races», mise en oeuvre par le général Gallieni au moment de la colonisation française, a fait surgir un tribalisme dont les effets ne dépassent pas les cadres étroits d'une partie de la classe politique.

  Sur les hauts plateaux vivent les Betsiléos (11,7 % de la population totale) et les Merinas (26,6 %), anciennement dénommés Hovas, du nom de l'une de leurs divisions sociales; les Sakalavas (6,4 %) et les Mahafalys dominent dans les plaines de l'ouest et du sud-ouest; les Antemoros, les Antaisakas, et les Tanalas peuplent la côte et la forêt du sud-est, tandis que les Betsimisarakas (14,9 %) dominent sur la côte orientale.

  Le nord de Madagscar est principalement peuplé par les Tsimihetys (7,4 %). Dans les régions semi-arides du Sud, on trouve les Antandroys (5,3 %) et les Baras. Encore une fois, cette répartition géographique pourrait suggérer que ces groupes constituent des entités ethniques isolées et distinctes, ce qui serait totalement erronné : le commerce, les migrations internes et les structures administratives, tant avant qu'après la colonisation, ont largement contribué à effacer les barrières géographiques.

  Enfin, les Comoriens représentent 0,3 % de la population globale, les Indiens et les Pakistanais 0,2 %, les autres populations (Européens, Chinois, etc.) 0,6 %.

  La population, estimée à 14,1 millions d'habitants [1997], se concentre dans la région orientale, sur les Hautes Terres centrales et dans les zones d'aménagement.

  Par sa dimension, la capitale, Antananarivo (1,5 million d'habitants ; agglomération : 3,4 millions d'habitants) [1996], est de loin la ville la plus importante. Les autres villes importantes sont Toamasina (160 000 habitants) et Mahajanga (130 000 habitants). Madagascar demeure un pays essentiellement rural (75 % de la population), très lâchement occupé en dehors des zones d'aménagement qui attirent les migrants venant des régions à forte pression démographique: Antemoros, Antefasys et Antaisakas (Sud-Est), Tsimihetys, Merinas et Betsiléos (Hautes Terres), Antandroys (extrême sud). La croissance démographique est liée à un taux de natalité très élevé (44 [permil]) [estimation 1997] et à une espérance de vie à la naissance relativement faible (guère plus de 56 ans) [estimation 1997].

  Les langues officielles sont le malgache et le français. Les chrétiens (51 % de la population, dont 26 % de catholiques et 22,8 % de protestants) sont les plus nombreux, suivis par les adeptes des religions traditionnelles (47 %). Les musulmans sont 1,7 %.

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  Pays essentiellement rural, en dépit d'un récent exode massif vers les villes, Madagascar doit affronter les grands défis démographiques, en assurant en premier lieu son autosuffisance alimentaire.

  Depuis l'indépendance, les choix politiques ont plus affirmé la puissance du capitalisme d'État qu'apporté un réel bien-être à la population. Avec une économie exsangue et des équipements obsolètes, la Grande Île mise pourtant sur un prochain renouveau, mais les espoirs que suscita, en 1993, l'élection du professeur de médecine Albert Zafy à la présidence de la République, ne se sont pas concrétisés; ce changement politique n'a pas suffi à donner un nouveau départ à une île qui souffre, dans le Sud, de pénurie et même de famine.

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  Traditionnellement Madagascar est un pays d'agriculture et d'élevage. Ces secteurs, qui occupent l'essentiel de la population active (78 %) et interviennent pour 42 % dans la formation du PIB, ont été ces dernières années durement touchés par la sécheresse, les dévastations causées par les invasions de criquets, les cyclones (cyclone Geralda, en 1994; cyclone Gretelle en 1997) et la mauvaise gestion du régime Ratsiraka.

  La principale production vivrière est le riz (37 % des terres cultivées) devant le manioc, mais les activités s'adaptent aux possibilités des régions: par l'abondance de ses pluies, le versant au vent permet l'agriculture (riz, taro, canne à sucre, igname), tandis que le versant sous le vent et la région méridionale, semi-aride, sont davantage propices à l'élevage: zébu (boeuf à bosse, ou Bos indicus), mouton, chèvre de Nubie.

  Quant aux Hautes Terres, réputées pour leur riziculture irriguée, dont les étagements de terrasses peuvent évoquer ceux des Philippines, elles ont autrefois constitué le domaine de prédilection de l'élevage bovin. Partout, les Malgaches élèvent des volailles (poulets, canards, oies) et cultivent le pois de terre, le sésame, des variétés de lentilles et de petits haricots, le bananier, l'oranger et le citronnier. Le cocotier est implanté dans les régions littorales.

  L'époque moderne a vu l'introduction de plantes américaines (maïs, manioc, arachide). Le développement des cultures commerciales (canne à sucre, coton, sisal, ilang-ilang, cacao, palmier à huile) s'est effectué au sein de grandes exploitations ou dans les terroirs paysans (café, tabac, vanille, girofle, poivre, pois du Cap). La socialisation partielle des circuits de commercialisation n'a pas stimulé la production, le riz étant même devenu insuffisant.

  Herbe aquatique, le riz asiatique fut d'abord mis en culture en marais, avant que ne soient aménagées des terres permettant la pratique de la culture sèche. Si le paysan malgache conserve la riziculture en marais (hôraka) – que les boeufs piétinent avant les semailles –, des formes plus évoluées ont été élaborées, comme sur les rizières en terrasses et en plaine (tanimbary). Cette dernière nécessite labour, repiquage et maîtrise de l'eau. Toutes asiatiques, les variétés de riz utilisées sur la Grande Île sont nombreuses, tant indica que japonica (ou javanica). Mais, comme le montre la génétique, il existe aussi des variétés atypiques résultant de l'adaptation à la culture d'altitude. Une souche malgache de riz long est devenue célèbre: c'est celle qui, importée aux États-Unis au XIXe siècle, a donné le riz caroline.

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  L'État socialiste, au cours de la décennie 1975-1985, a financé l'installation d'unités industrielles surdimensionnées, en cours de privatisation depuis le début des années 1990. L'extraction minière reste faible malgré des gisements de mica, de bauxite, de charbon et de pierres précieuses. L'essentiel des industries traitent les produits agricoles: rizeries, féculeries, huileries, sucreries (Namakia), industries du tabac (Antsirabé).

  La création d'une zone franche favorise une certaine reprise des activités (conserverie de thon à Antsiranana; filature ou tissage du coton ou du sisal, et entreprises de confection à Antananarivo, Antsirabé, Mahajanga, Toleara). Les industries extractives, en dehors des cimenteries (Mahajanga, Antsirabé), fournissent le gros des produits destinés à l'exportation: graphite, mica, grenat, zircon et surtout chromite d'Andriamena. La raffinerie de Toamasina, qui transforme le pétrole importé, suffit aux besoins nationaux. Madagascar dispose d'un réseau de 54 200 km de routes et de pistes (10 % bitumés) et d'un réseau ferroviaire de 1 054 km.

  Principaux aéroports: Antananarivo (329 000 passagers), Toamasina et Mahajanga. Les principaux ports sont: Toamasina (1,4 millions de tonnes) et Mahajanga.

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  L'économie malgache dépend d'abord des produits agricoles exportés (café, vanille, clous de girofle). Le lourd endettement (4,5 millions de dollars en 1991) et l'exil des cadres supérieurs influent sur les capacités de développement d'un pays qui sollicite abondamment l'aide étrangère, en particulier celle de la France, de la Banque mondiale et, de plus en plus, du Japon. Pourtant, le faible coût de la main-d'oeuvre et son haut niveau de qualification constituent des gages de compétitivité pour les éventuels investisseurs.

  L'exemple mauricien et la proximité du département français de la Réunion placent Madagascar dans une zone de contrées réceptives aux industries délocalisées du «système-monde»; à terme, cela entraînerait une compétition entre les différentes unités territoriales de l'océan Indien. Longtemps négligé au nom de justifications idéologiques, le potentiel touristique – tant pour un tourisme de masse que pour des séjours de découverte de ce «sanctuaire de la nature» –, malgré un réseau de communication déficient, est aujourd'hui pris en considération.

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Les Hespérides du monde austronésien

 

  Les historiens ont longtemps pensé que les premiers habitants de Madagascar étaient des métis d'Indonésiens et d'Africains, venus de la côte orientale de l'Afrique noire, vers le VIe siècle. Une autre hypothèse affirme aujourd'hui que les Vazimbas, une population aux origines inconnues, étaient peut-être présents à Madagascar auparavant. Une chose est cependant sûre: on ne trouve pas sur la «Grande Île» de vestiges datant de la préhistoire.

  La découverte de Madagascar fut la conséquence d'un grand mouvement d'échanges commerciaux que des peuples austronésiens, dès le IIIe siècle av. J.-C., établirent dans l'océan Indien pour transporter vers l'Afrique, l'Arabie et la Méditerranée les plantes aromatiques, condimentaires et médicinales de l'Insulinde. Au début de notre ère, un certain nombre de ces marchands austronésiens ont bien migré, par vagues successives, depuis la côte orientale de l'Afrique noire (Tanzanie et Mozambique actuels) pour s'établir à Madagascar. Sur les terres neuves de la «Grande Île», ils importèrent le riz, le taro, la banane, la noix de coco et le gingembre. Ils y naturalisèrent des arbres d'Insulinde comme le Cinnamomum, une variété de cannelier, et le Calophyllum, espèce alors utilisée pour les besoins de la charpenterie marine.

  D'Afrique, ils firent venir zébus, moutons, chèvres et pintades. Les moments de prospérité correspondaient à la formation de grandes unités territoriales rassemblant les anciennes principautés inspirées des institutions austronésiennes. Aux XIe et XIIe siècles, les Bantous, en atteignant la côte du canal de Mozambique, provoquèrent la disparition des États austronésiens et les migrations vers les Hautes Terres centrales. Cette double origine, à la fois africaine et asiatique, explique le métissage de la population et surtout de la civilisation malgache, tant dans le domaine économique (quoique la riziculture irriguée relève plutôt des pratiques indonésiennes) que dans les domaines culturel et religieux (culte des morts, notamment). Les migrations se sont poursuivies jusqu'à une période récente.

  Peu à peu, les peuples de Madagascar se sont organisés en clans, dirigés par les anciens, et, à partir du XVIesiècle, en une multitude de petits royaumes. Pour la plupart, ils se sont implantés le long de la côte. Malgré la grande diversité des peuples et des organisations politiques, la population malgache présenta toujours une grande unité, notamment par l'emploi d'une même langue et du fait de l'établissement de liens d'échanges entre les différentes régions.

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  Si le premier millénaire de l'histoire malgache est encore mal connu, des documents d'origine arabe (en particulier al-Masoudi, géographe qui visita l'Afrique orientale dans la première moitié du Xe siècle) et la tradition orale nous documentent assez précisément sur les événements survenus à partir du VIIe siècle. L'économie malgache a en effet été très liée à l'histoire du Moyen-Orient, région à laquelle elle fournissait aromates, épices et parfums. Le cubèbe, plante médicinale appréciée des Arabes, venait de Madagascar.

  Sur mer, les navigateurs musulmans établirent, aux dépens des Austronésiens, leur contrôle sur les routes et le trafic de l'océan Indien. Mais l'influence culturelle du Moyen-Orient se limita à quelques comptoirs secondaires du réseau swahili. Les vestiges d'un comptoir arabe datant du XIe ou du début du XIIe siècle ont été mis au jour près de Vangaindrano, sur la côte sud-est, et il est prouvé que l'islam avait fait quelques incursions dans l'intérieur du pays bien avant le XVIe siècle. Par ailleurs, une «ancestralité» partiellement arabe a conféré aux dynasties malgaches postérieures un surcroît de prestige. La position de Madagascar en fit pendant plusieurs siècles la plaque tournante de la traite esclavagiste sur la côte orientale de l'Afrique et dans l'océan Indien. Du XIIe au XVIIIe siècle, le trafic fut dominé par les marchands arabes, qui fondèrent des comptoirs sur la côte nord-ouest. Il fut ensuite le fait des Européens. Les contacts avec les Européens

  En l'an 1498, Vasco de Gama qui venait de franchir le cap de Bonne-Espérance et naviguait vers l'Inde aurait aperçu la «Grande Île». En 1500, Diego Diaz qui cherchait à regagner la côte africaine dont il s'était éloigné par erreur arriva à Madagascar. Après avoir pris le contrôle de la rive occidentale, les Portugais envisagèrent, au début du XVIIe siècle, d'explorer l'île de manière systématique et de convertir ses habitants au christianisme, mais les militaires et les jésuites portugais ne purent ni surmonter l'hostilité des populations malgaches ni prendre le contrôle des comptoirs arabes. Ils abandonnèrent l'île tout en maintenant avec elle des contacts commerciaux depuis le Mozambique.

  Après l'échec des Portugais, les navigateurs hollandais, en route pour l'Indonésie, prirent l'habitude de faire escale dans les ports de la «Grande Île» pour se ravitailler, avant de lui préférer la colonie du Cap où ils s'implantèrent au XVIIe siècle. Les tentatives de colonisation par les Britanniques se heurtèrent également aux difficultés liées à l'insalubrité du climat et à la vigoureuse résistance des populations. Au milieu du XVIIe siècle, les Français à leur tour se prirent d'intérêt pour Madagascar. En 1643, ils établirent au sud-est de l'île un camp qu'ils nommèrent Fort-Dauphin (aujourd'hui Faradofay), en l'honneur du futur Louis XIV. Mais en 1671, les 63 Français rescapés des attaques des populations locales durent fuir l'île. Commença alors l'ère des pirates de la «République internationale de Libertalia», qui dominèrent le commerce maritime jusque vers 1720.

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  En fournissant aux Sakalavas, établis dans l'ouest de l'île, les moyens d'acquérir des armes à feu, le commerce maritime de la traite donna à leur dynastie les moyens nécessaires pour asseoir leur domination sur une grande unité territoriale: l'«empire sakalava» fut une confédération de grandes principautés que scellait la parenté des divers souverains. Au XVIIe siècle, les souverains sakalavas s'emparèrent de toute la côte ouest et établirent deux royaumes: le Menabé autour de Morondava et le Boina autour de Mahajanga. Au XVIIIe siècle, ils tenaient le nord et l'ouest de l'île. Mais à la fin du XVIIIe et surtout au XIXe siècle, ils furent broyés par une autre dynastie, à son tour en pleine expansion, celle des Merinas (ou Imerinas).

  Petit État des plateaux centraux de Madagascar, l'Imerina avait été unifié, au début du XVIIIe siècle, par Andriamasinavalona (1675-1710) avant d'être divisé en quatre royaumes. En 1770, deux de ces royaumes furent réunis. Vers 1785 commença le règne d'Andrianampoinimerina (littéralement: «le seigneur cher au coeur de l'Imerina»). Jusqu'en 1806, ce souverain s'employa à réunifier l'Imerina puis se lança à la conquête de l'île. À sa mort, en 1810, il aurait laissé ce testament à son fils et successeur, Radama Ier: «La mer sera la limite de ma rizière.» Radama modernisa l'armée avant d'achever l'oeuvre de son père. Il s'appuya pour cela sur les Britanniques, qui lui apportèrent leur soutien diplomatique et de judicieux conseils. À sa mort, en 1828, son épouse Ranavalona Ire lui succéda. En 1835, craignant que le christianisme vienne ruiner l'ordre politique et social fondé sur le dieu-roi, la reine revint sur la politique de son défunt époux. Sous son règne, Madagascar s'isola et se replia: les missionnaires furent expulsés et les chrétiens persécutés; cette politique isolationniste réussit à contenir les impatiences britannique et française. En 1861, le pouvoir revint à son fils, Radama II. Élevé par des Européens, celui-ci ouvrit Madagascar aux influences étrangères. Mais, partagées entre l'attrait des modèles européens et les exigences nationales, ses actions restèrent vaines et provoquèrent la désaffection populaire puis la déstabilisation des institutions sur lesquelles le pouvoir royal s'était toujours appuyé. Le désordre et la confusion s'installèrent et, en 1863, Radama II fut étranglé sur l'ordre du vieux parti hova.

  À partir de cette date, le pouvoir qui revenait à la souveraine, fut en réalité détenu par le Premier ministre, Rainilaiarivony, un Hova, qui épousa successivement trois reines (Rasoherina, veuve et cousine de Radama II, puis sa cousine Ranavalona II, et enfin Ranavalona III) et demeura à la tête du pays pendant plus de trente ans. Il entreprit des réformes prudentes, réorganisa la justice et l'administration, acheva la constitution de l'État, encouragea la formation d'une élite européanisée et abolit l'esclavage. Face aux agressions françaises (1883 et 1894-1895), Rainilaiarivony n'obtint pas des Britanniques le soutien qu'il sollicita. En effet, par un traité signé en 1890 avec le Royaume-Uni, la France avait abandonné ses prétentions sur Zanzibar en échange de la reconnaissance de ses droits sur Madagascar. En 1885, sur le navire amiral d'un corps expéditionnaire français ancré en rade de Tamatave (aujourd'hui Toamasina), Rainilaiarivony fut donc contraint de signer avec la France un traité ambigu : les Merinas pensaient qu'il s'agissait d'un simple accord d'amitié mais les Français considérèrent qu'il s'agissait d'un traité de protectorat; l'état de guerre fut notifié et, en 1895, le général Duchesne fut chargé d'imposer l'autorité française. Un corps expéditionnaire de 15 000 hommes prit Antananarivo, la capitale merina, et obligea Rainilaiarivony à reconnaître son autorité, avant d'être déporté à Alger. L'insurrection populaire des Menalambos (littéralement: «toges rouges») éclata la même année.

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  En 1896, le Parlement français déclara l'annexion de Madagascar, décrétée colonie française. Le général Gallieni fut envoyé d'urgence pour prendre le commandement civil et militaire de l'île et mater l'insurrection. Il réprima les révoltes, déposa et exila la reine Ranavalona III à la Réunion, puis à Alger, et abolit la monarchie. Gallieni établit alors les fondements de son action coloniale: «politique des races», francisation, oeuvres économiques et sociales. Il remplaça les gouverneurs merinas par des administrateurs locaux encadrés par des Français.

  De 1900 à 1902, Lyautey soumit les populations du Sud; en 1905, la «pacification» était achevée. Près de 50 000 Malgaches furent incorporés à l'armée française pendant la Première Guerre mondiale. Cependant, la résistance du peuple malgache à la colonisation se poursuivit sans relâche, et la domination française ne fut d'ailleurs jamais acceptée.

  Dès les années 1910, les nationalistes se groupèrent dans une société secrète militant pour la liberté et l'égalité des droits, la Vy vato sakelika (VVS, littéralement: «Fer, pierre, réseau») dont les dirigeants, notamment le pasteur Ravelojaona, furent arrêtés en 1916.

  En 1920, le mouvement s'amplifia sous l'impulsion de Jean Ralaimongo. Au début de la Seconde Guerre mondiale, l'administration coloniale demeura fidèle au gouvernement de Vichy. En 1942, les Britanniques débarquèrent à Diego-Suarez et occupèrent l'île, que sur l'insistance du général de Gaulle, ils acceptèrent finalement de remettre à la France libre.

  En 1945, les Malgaches purent élire deux députés à l'Assemblée constituante à Paris. En 1946, Madagascar devint un Territoire français d'outre-mer. Mais en mars 1947, un soulèvement populaire (insurrection des Menalambos) éclata dans l'île. La répression fut impitoyable: elle aurait fait 80 000 à 100 000 morts, et elle décapita les mouvements d'opposition créés en 1946 : le Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM) de Joseph Ravoahangy, et le Parti des déshérités de Madagascar, de Joseph Raseta.

  En 1956, la loi-cadre instaura le suffrage universel. Un gouvernement autonome fut constitué sous la présidence de Philibert Tsiranana, fondateur du Parti social-démocrate (PSD). Mais lorsque, le 26 juin 1960, dépassant les objectifs de la loi-cadre de 1956, la Grande Île accéda à l'indépendance, la politique coloniale avait depuis longtemps jeté la jeune élite malgache dans les bras du militantisme prosoviétique.

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  S'appuyant sur le parti majoritaire, Philibert Tsiranana devint président de la République malgache. Dans les années 1970, il se trouva en butte à la montée de l'opposition : après avoir affronté une révolte paysanne dans le sud du pays en avril 1971, son régime fut emporté par une insurrection scolaire et universitaire, soutenue par travailleurs et partis d'opposition, qui lui reprochaient son option «pro-impérialiste». En mai 1972, débordé, Tsiranana remit ses pouvoirs au chef d'état-major de l'armée, le général Gabriel Ramanantsoa. Celui-ci obtint des pouvoirs étendus pour une durée de 5 ans mais, en 1975, il démissionna au profit du colonel Ratsimandrava; ce dernier fut assassiné quelques jours plus tard.

  Un Directoire militaire prit alors le pouvoir, proclama la loi martiale, puis se saborda en juin. Le capitaine de frégate, Didier Ratsiraka, fut nommé président du Conseil suprême de la révolution et chef de l'État. En décembre 1975, le peuple malgache approuva par référendum la constitution de la IIe République, instituant la République démocratique de Madagascar. Le nouveau régime s'affirma aussitôt résolument marxiste et établit des relations privilégiées avec l'URSS.

  Par-delà les apparences, ce régime, par le monolithisme de ses principes fondateurs et la prépondérance fonctionnelle de l'administration, mettait en place une unité néocoloniale. Cette tendance centralisatrice, qui existait déjà tant au sein du Parti social-démocrate (PSD) de Tsiranana que dans les partis de l'opposition, fut amplifiée avec la mise en place du régime militaire qui accentua le caractère étatique du pays par la nationalisation de l'économie, la sortie de la zone franc et la création du franc malgache, en 1973, une mutation diplomatique caractérisée par les distances prises avec la France et les pays occidentaux, puis, à partir de 1978, par une politique immodérée d'endettement qui allait ruiner le pays, tandis que s'accentuait la répression contre l'opposition nationaliste du Sud.

  Dès 1982, les Églises catholique et protestante mirent en garde le pouvoir en dénonçant les échecs et les dérives résultant de l'idéologie révolutionnaire. À partir de 1987, la gravité de la situation économique et les besoins de l'aide internationale contraignirent d'ailleurs le régime à l'ouverture politique et à une certaine libéralisation de l'économie, en réduisant la part du secteur nationalisé et en ouvrant la porte aux investissements privés malgaches et étrangers. En 1990, une grève générale éclata. Didier Ratsiraka, tout en continuant à réprimer très durement toute manifestation, dut réunir une Conférence nationale. La délicate transition démocratique ainsi amorcée en 1991 amena la chute du régime.

  En 1992, une nouvelle constitution fut approuvée par référendum, donnant naissance à la IIIe République. En février 1993, l'élection présidentielle porta au pouvoir le candidat des «Forces vives», Albert Zafy, dans un pays dont le niveau de vie avait diminué de 40 % en 25 ans. Après des affrontements sanglants entre les partisans du nouveau et de l'ancien pouvoir (mars-juin 1993), le parti de Zafy remporta les élections législatives. En septembre 1995, le président obtint, par référendum, le droit de nommer le Premier ministre, jusqu'alors élu par l'Assemblée. En septembre 1996, celle-ci le destitua, et Didier Ratsiraka revint au pouvoir en remportant l'élection présidentielle de décembre.

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  Toujours attachées à des valeurs culturelles et spirituelles propres (Fihavanana), même au temps du socialisme malgache, les institutions de la République ont connu de récentes innovations. La Constitution adoptée le 19 août 1992 instaure une IIIe République malgache, de type présidentiel et pluraliste. Le pouvoir exécutif est confié à un président élu pour 7 ans, qui nomme un Premier ministre investi par une Assemblée nationale populaire composée de 137 députés élus pour 5 ans. Le pouvoir législatif échoit à cette dernière et au Sénat.

  Les députés sont élus à la représentation proportionnelle. Les sénateurs, dont le mandat est de quatre ans sont élus indirectement, dans la proportion des deux tiers par les élus des collectivités territoriales et d'un tiers sur la base de corps constitués, dont les membres sont nommés par le président de la République. Le pouvoir judiciaire, avec la Cour constitutionnelle et la Cour suprême, est indépendant de l'exécutif et du législatif.

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  À peine effleurée par l'influence arabe, la culture malgache reste majoritairement enracinée dans le fonds austronésien. Le choc avec la culture occidentale a affecté la nouvelle classe dirigeante et une bonne partie des citadins. Toutefois, le bruit et l'image des réalisations modernes et des idéologies nouvelles n'ont pu recouvrir la multiséculaire et vivace cosmogonie malgache.

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  Il est surtout représenté par la sculpture et l'architecture funéraires. Les tombeaux mahafaly sont de grands édifices constitués de pierres entassées, caractérisés par les alo-alo, poteaux de bois sculptés ajourés. Les tombeaux plus récents ressemblent à une petite maison ceinte par un mur de ciment recouvert de fresques qui narrent la vie du défunt.

  Les tombeaux vezo-sakalava sont connus pour leurs statues érotiques. L'artisanat des hauts plateaux, bois sculpté et marqueterie, est particulièrement développé en pays betsiléo et zafimaniry. Le célèbre papier antaimoro, autrefois séché au clair de lune, est toujours fabriqué artisanalement à partir d'une pâte d'écorce pilée. En 1995, un incendie allumé au cours d'une émeute détruisit le Rova, l'enceinte qui, sur une colline surplombant Antananarivo, renfermait les tombeaux et les cinq palais royaux, dont celui de la reine Ranavalona.

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  Le malgache appartient au groupe des langues austronésiennes. Il a emprunté des mots et des concepts bantous (tels les noms d'animaux domestiques) et arabes (astrologie, noms des jours et des mois, quelques concepts religieux), qu'il a reçus du swahili. Toutefois, sa structure et sa syntaxe restent austronésiennes. Les divers dialectes appartenant à la langue malgache sont intercompréhensibles. Les dialectes les plus conservateurs sont ceux des provinces occidentales. Le principal problème aujourd'hui est dû à la prédominance du français: alors que la classe dirigeante s'exprime en français ou en un sabir franco-malgache, la grande majorité du peuple malgache utilise un dialecte.

  Madagascar possède, depuis des temps immémoriaux, une riche littérature orale. Elle fournit des modèles de comportements et d'enracinement dans les valeurs austronésiennes. Tel mythe malgache peut correspondre au récit de la création du monde à Bornéo, tel conte à une variante d'un mythe polynésien, tel hain-teny à un genre très proche des pantoums malais ou, s'agissant des isa, ou chansons de geste betsiléos, à un écho profane des «opéras» que chantent les bardes chamans de Palawan.

  Dès 1850, des missionnaires rassemblèrent les ohabolana (exemples et proverbes) et les hainteny (poèmes à base de jeux de mots aux origines traditionnelles et sacrées) qui constituent la poésie orale de Madagascar. Charles Renel, instituteur, publia en français des Contes de Madagascar (2 vol., 1910 et, posth., 1930). Le poète bilingue Jean-Joseph Rabearivelo (1901-1937) fit paraître en 1924 le premier recueil en français, la Coupe de cendres, suivi de Sylves (1927), Presque-Songes (1934), etc. Avec Jacques Rabemananjara (Antsa, 1956; Antidote, 1961) et Flavien Ranaivo (l'Ombre et le Vent, 1947), il forme cette «trilogie malgache» dont les oeuvres, puisant aux racines de la pensée malgache se dressèrent avec humanisme contre la colonisation. Le premier roman malgache paraît en 1965: les Voleurs de boeufs, de Rabearison.

  La génération nouvelle de poètes compte notamment Esther Nirina (Simple Voyelle, 1980), à l'écriture pure. Les romancières Charlotte-Arrisoa Rafenomanjato, dans le Pétale écarlate (1985), et Michèle Rakotoson, dans le Bain des reliques (1988), décrivent le conflit social entre tradition et modernité. Jean-Luc Raharimanana (Lépreux, nouvelle, 1992) vient confirmer l'originalité et la maturité de la littérature malgache.

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  Le cinéma malgache est né du documentaire. Le plus ancien a été réalisé en 1947 par Raberono à l'occasion de la cérémonie commémorative du centenaire de la mort de Rasalama. L'Accident (1972) est le premier moyen métrage de fiction en version malgache de Benoît Ramampy, auteur en 1984 de Dahalo Dahalo, et coauteur avec Abel Rakotozanany en 1987 du Prix de la paix.

  Le Retour (1973), premier long métrage malgache d'Ignace-Solo Randrasana, décrit la condition des petites gens soumis à l'exode rural. Enfin, Tabataba, long métrage de Raymond Rajaonarivelo, présenté en 1988 à Carthage et à Cannes, tente une première réflexion sur des événements politiques survenus en 1947 et demeurés, jusqu'à nos jours, inexpliqués.

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  Le salegy est la forme musicale la plus répandue dans la «Grande Île». Il est né d'une lente assimilation de rythmes étrangers importés aux rythmes malgaches traditionnels. Le basese de la région d'Antsiranana et le tsapika du sud de Taolagnaro lui ont en effet fourni la matrice rythmique et mélodique de base sur laquelle fusionneront, selon les lieux et les circonstances, des éléments du sega mauricien, du maloya réunionnais, du mbaqanga sud-africain et du benga kenyan.

  Les vitesses de ce rythme varient d'un endroit à l'autre: plus lents sur les hauts plateaux, ils s'accélèrent sur la côte où les conditions de vie sont moins pénibles. Deux instruments marquent de leurs sonorités particulières la musique malgache: le valiha (ou vali) et le gorodao. Le valiha est un instrument à cordes (de 18 à 54) montées sur un morceau de bambou.

  Le gorodao est un accordéon diatonique introduit dans les orchestres locaux dans les années 1950. Le plus grand joueur de valiha est actuellement Justin Rakotondrasoa, dit Justin Vali, le descendant d'une lignée de facteurs de valiha. Depuis 1986, un salegy-rock a vu le jour, impulsé par le guitariste Eusèbe. Le vaqu'sauv, rap malgache renouant avec la tradition des joutes orales, est très en vogue dans la jeunesse des grandes agglomérations urbaines.

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  Enjeu stratégique du conflit culturel depuis le XIXe siècle, la religion apparaît comme la forteresse la mieux tenue. La plupart des convertis continuent de prendre part aux cérémonies religieuses ancestrales, lesquelles sont encore très présentes dans le mouvement de «malgachisation» culturelle des Églises. Elle est aussi perceptible dans le fait – contradictoire – que le puissant mouvement du «Réveil», réformé et luthérien, soit amené à «diaboliser» la culture malgache pour s'en détacher. Il est d'ailleurs remarquable que, dans un pays aussi respectueux des décisions gouvernementales, le culte des palladiums royaux, explicitement condamné par la reine en 1869, ait perduré dans la clandestinité. Dans les cérémonies de possession (tromba), de grands ancêtres communiquent avec les vivants.

  Les monothéismes, surtout depuis la conversion de la reine en 1869, ont été adoptés par une large partie de la population. Les fidèles des Églises chrétiennes sont nombreux sur les Hautes Terres et dans les villes, les musulmans (1,7 % de la population) dans les villes et les régions du Nord et du Nord-Ouest. La religion ancestrale fait montre d'une vitalité que souvent les citadins ignorent; malgré le discours officiel, ses cérémonies rassemblent plus de fidèles que les manifestations chrétiennes.

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  La santé et l'éducation illustrent les paradoxes d'un socialisme où le rôle de l'État est mis en exergue: le système de santé, qui emploie un corps médical qualifié, est paralysé par son manque de ressources. Le paludisme, qui aurait tué 100 000 personnes en 1987, affecte particulièrement l'île.

  Quant à l'enseignement, le régime socialiste avait, sans disposer d'un personnel compétent en nombre suffisant, multiplié collèges et lycées, investis d'une mission de diffusion idéologique. Attirant à lui les enfants des campagnes, ce système a déclenché l'exode rural et envoyé à l'université, souvent sans succès, des dizaines de milliers de «bacheliers». L'enseignement en français, abandonné en 1972 pour cause de «malgachisation», devrait être réinstitutionnalisé.

  Le socialisme malgache a aggravé les distances sociales: l'échec de l'école publique a fait la fortune d'un secteur privé soutenu par le clergé.

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